lundi 7 janvier 2019

Lettre salaires DG Castorama

                                                                                                             
Templemars, le 7 Janvier 2019


                                              Monsieur Le Représentant Légal
                                           Castorama France SAS
                                             Rue de L’épinoy
                                                 Boite Postale 101
                                                  59175 TEMPLEMARS
 








Lettre recommandée AR N° 1A 160 587 2053 1



Monsieur le Directeur Général,

Comme pour de nombreux Français le pouvoir d’achat est au cœur des préoccupations des salariés de Castorama. Or ; celui-ci est particulièrement malmené ces dernières années.
Votre politique de rémunération repose sur deux piliers le salaire de base et ses accessoires d’une part et d’un variable collectifs composés de l’intéressement de la participation de l’autre.
Ces deux piliers sont aujourd’hui sévèrement ébranlés.
La partie variable se réduit comme peau de chagrin pour atteindre des niveaux historiquement bas. Cette situation est la conséquence directe d’une politique de transformation, subit de plein fouet par les salariés. Qui impacte directement leurs conditions de travail, sans pour autant, qu’ils soient récompensés de leurs efforts. Pires ils voient leur niveau de prime décroître d’année en année du fait d’une négociation sur l’intéressement déloyale.
 Les mesures gouvernementales mises en place vous auraient permis par l’octroi d’une prime défiscalisé et exonéré de cotisations sociales de compenser pour partie cette perte de revenus.
Mais là encore, vous nous avez fait savoir lors du dernier CCE de décembre que vous n’entendiez pas appliquer cette mesure aux salariés de Castorama.
La partie fixe est composée pour l’essentiel du salaire dont la grille stagne d’année en année et d’augmentations générales, pour les catégories qui en bénéficient, qui sont inférieures à l’évolution de l’inflation. Cela conduit à un effondrement du pouvoir d’achat des salariés.
Puisque vous êtes un homme issu du chiffre, l’analyse de ces derniers est sans appel puisque les différentes données fournies dans les documents sociaux de l’entreprise attestent de cette déliquescence.
Tout d’abord la grille des salaires qui fixent les minima de chacun des coefficients à l’occasion d’une promotion dans un coefficient supérieur ou d’une embauche. Cette grille n’a pas évolué depuis 2015.
Alors qu’il y a quelques années le salaire d’embauche du premier coefficient de la catégorie employé, le coefficient 120, était placé 7 % au-dessus du SMIC aujourd’hui il est inférieur de 1,39 % au salaire minimum.
Le resserrement entre les minima salariaux de chaque coefficient et le SMIC ne cesse de progresser. Cela a pour conséquence une dévalorisation de l’engagement et de l’expertise des salariés de l’entreprise alors même qu’ils ont constitué la cheville ouvrière de Castorama et contribué à sa prospérité.
À titre d’exemple avant la prise de contrôle par Kingfisher de la direction de Castorama l’écart entre le SMIC et le salaire minimum d’un « vendeur expert coefficient 210" était de 36 % il n’est plus aujourd’hui que de 11 %.
Il en est de même pour les autres catégories professionnelles puisque le premier coefficient agents de maîtrise se situait à la même époque 62 % au-dessus du SMIC et qu’aujourd’hui il n’est plus qu’à 25 % au-dessus du salaire minimum. Pour les cadres cet écart est passé de 133 % à 59 %.

La comparaison des grilles de salaires et de leur évolution avec celles de notre concurrent immédiat est également édifiante :
Coef
Grille Casto 2011
Grille Casto 2018
Grille Leroy 2011
Grille Leroy 2018
120
1 410,00 
1 500,00 
1 472,00 
1 610,00 
140
1 420,00 
1 515,00 
1 492,00 
1 630,00 
150
1 435,00 
1 530,00 
1 533,00 
1 671,00 
160
1 465,00 
1 560,00 
1 573,00 
1 711,00 
190
1 495,00 
1 590,00 
1 614,00 
1 753,00 
200
1 535,00 
1 630,00 
1 668,00 
1 807,00 
210
1 595,00 
1 690,00 
1 730,00 
1 869,00 
220
  1 775,00 
  1 915,00 
  1 800,00 
  1 940,00 
250
  1 870,00 
  2 015,00 
  1 957,00 
  2 103,00 
280
  2 100,00 
  2 195,00 
  2 135,00 
  2 290,00 
320
  2 335,00 
  2 430,00 
  2 389,00 
  2 557,00 
Lhoraire hebdomadaire des agents de maîtrise chez Leroy Merlin est de 35 heures et de 37 heures chez Castorama

Lorsque l’on se détache des minima salariaux pour observer l’évolution des salaires moyens qui sont le reflet des salaires effectifs le constat est tout aussi affligeant.
Au cours de la dernière année, le salaire moyen du premier coefficient de la catégorie employée n’a évolué que de 0,33 %. Le salaire moyen du premier coefficient de la catégorie agents de maîtrise n’a évolué que de 0,78 %. Le salaire moyen du premier coefficient des cadres a quant à lui régressé de 0,14 %. L’inflation sur la période se situe aux alentours de 2 % selon les indicateurs.
Les salariés de Castorama ont donc perdu au cours de cette année du pouvoir d’achat. Seuls les cadres de haut niveau au coefficient 600 ont vu leur salaire moyen évoluer positivement de 5,69 % l’année dernière.

Et si l’on observe l’évolution du salaire moyen depuis la prise de contrôle de Castorama par Kingfisher, on fait à peu près le même constat.  Hormis les cadres de haut niveau que sont les directeurs régionaux et directeurs de services du siège, tous les autres ont vu leur pouvoir évoluer de façon très inférieure à la moyenne des salariés français.

Cette situation conduit à une paupérisation des salariés de Castorama qui quels que soient les efforts qu’ils fournissent ne sont jamais justement rétribués.

Notre actionnaire a investi successivement dans les magasins, dans les prix pour les clients, dans les changements de système informatique. Aujourd’hui, il est urgent et essentiel qu’il investisse dans les hommes qui ne peuvent pas être la seule variable d’ajustement de ses profits.

Il y a une urgence absolue à une revalorisation des salaires.

C’est pourquoi aujourd’hui nous exigeons une augmentation générale pour tous les salariés de 100 € net et l’ouverture de négociations sur la prime préconisée par le président de la République.

Veuillez agréer, Monsieur Le Représentant Légal, nos salutations distinguées

Jean Paul GATHIER                                                                Nicolas EUZENOT
Délégué Syndical Central FO                                Délégué Syndical Central CGT